PANNEAU DE LA RAMPE D 4I . –
1. Depuis
none, elle ne cessait de prier que quand un ange lui apportait sa nourriture.
– La Vierge s'est retirée pour prier seule dans sa chambre,
pièce voûtée sur croisées d'ogives, où
l'on accède par un tambour en bois avec panneaux à draperies
plissées, élevé de neuf marches. Il est percé
d'une porte en accolade à un vantail fermé, avec ses pentures
en fer et sa très curieuse serrure à vertevelle, et de
deux fenêtres en arc surbaissé. Les volets de ces fenêtres
dont les panneaux sont à draperies plissées, sont fort
curieux. L'un est à moitié, baissé, rentrant dans
l'appui de la fenêtre comme les glaces de nos voitures, et laissant
voir que la fenêtre n'est vitrée d'une mise en plomb à
losanges que dans sa partie supérieure, de sorte que, si l'on
veut entièrement intercepter l'air extérieur et cependant
avoir encore du jour, il faut que le volet ne soit baissé qu'à
demi; au-dessus règne un joli entablement de style Renaissance,
avec corniche à denticules, frise ornée de trois « médailles »
à têtes sculptées entourées de « chapeaux
de triomphe » ou couronnes de feuillages, et architrave ornée
d'une cordelière à nœuds ; enfin, sur cet entablement,
est une toiture imbriquée en pavillon. Cet édicule est
des plus curieux et des plus coquets, tel qu'il devait en exister jadis
dans beaucoup de chambres, pour garantir de l'air extérieur.
La pièce est éclairée sur le dehors par une fenêtre
carrée à croisée de pierre et encadrée de
moulures; là encore les deux carreaux supérieurs sont
seuls vitrés à losanges, et les deux autres fermés
de volets de bois à draperies plissées : l'un est à
demi rentré dans l'appui de la fenêtre, tandis que notre
éternel indiscret regarde de l'extérieur par l'ouverture
: c'est sans doute lui qui aura conté le fait. Une horloge avec
son cadran à une seule touche, tout son mécanisme intérieur
merveilleusement rendu, ses poids et sa sonnerie placée en évidence
au haut du petit meuble en lui faisant un joli couronnement (1), est
accrochée au mur ; à côté, est une bibliothèque
à une seule tablette, où sont rangés six volumes
à fermoirs posés sur leur tranche inférieure, mais
le plat en avant et non le dos (2). Dans ce délicieux intérieur
qui respire la paix et la pureté, Marie se tient debout, tête
nue, les cheveux flottants. Elle vient de prier ou de méditer
et tient encore son livre ouvert. L'ange, s'approche discrètement,
lui présentant d'une main un pain rond et tenant dans l'autre
une cane à anse et à couvercle.
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(1) C'est toujours la grande qualité des artistes
du moyen âge de faire concourir les parties essentielles d'un
objet à sa décoration. Cette horloge est aux yeux de tous
un instrument à marquer les heures. Cela ne l'empêche pas
d'être infiniment gracieuse.
(2) Les reliures anciennes chargées de fermoirs, de bourdons,
parfois de pièces d'orfèvrerie et d'autres aspérités
ne permettaient pas de placer les volumes plat contre plat, comme aujourd'hui.
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