CHAPITRE
VII
STALLES
II
DESCRIPTION.
Appuie-mains
La
maîtresse-stalle étant sculptée du haut en bas
de sujets historiés n'a pas d'appuie-mains (1).
1-2
(2). Un homme imberbe, accroupi, les mains croisées sur le
genou et encapuchonné.
2-3. Un homme
imberbe, vêtu d'une longue robe, à col rabattu et revers,
serrée à la taille. Sur la tête, il porte une
espèce de barbute ornée de volutes sur les oreilles.
Un chien à poil ras est assis à côté
de lui ; d'une main il le caresse, et, de l'autre, il parait vouloir
lui tirer quelque chose de la gueule.
3-4.
Un homme à figure joufflue, imberbe, vêtu d'une longue
robe et coiffé d'une espèce d'écharpe enroulée
autour de la tête à la façon d'un turban, dont
l'extrémité découpée retombe sur le
côté comme le guleron ou la patte du chaperon. A sa
ceinture pend une bourse ornée par en bas de trois petites
boules : Il déroule une longue banderole.
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Notes |
(1) Voy. ci-dessus, t. II, P. 171.
(z) Faux appuie-mains en bas-relief contre la jouée de la maîtresse
stalle. |
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4-5.
Appuie-mains d'angle formé de deux personnages se rejoignant
vers la tête. L'un part d'une parclose et l'autre de l'autre.
Ce sont deux clercs, la bouche ouverte, chantant dans un énorme
livre de chœur qu'ils tiennent sur leurs genoux. Ils ont le visage
rasé, mais ne sont pas tonsurés; leurs surplis à
larges manches, n'ont pour ouverture, pour passer la tête, qu'un
trou circulaire orné d'un entre-deux. L'un porte l'aumusse
sur le bras gauche, l'autre pose amicalement sa main gauche sur l'épaule
de son voisin (1).
5-6. Une
jeune fille, dont le visage a été, hélas! par
trop usé par le frottement. Élégamment vêtue
d'une double jupe, celle de dessus fendue sur les côtés
et ornée d'affiquets dans les fentes, coiffée d'un couvre-chef
assez simple, de dessous lequel s'échappent de longues mêches
de cheveux qui retombent en désordre sur les épaules ;
elle s'enfonce des deux mains un poignard dans la poitrine.
6-7. Ce
personnage est un des mieux conservés, et aussi un des plus
jolis et des plus typiques de la collection. Le visage protégé
par les larges bords du chapeau a gardé son modelé presque
aussi net que lorsqu'il est sorti de la main des sculpteurs, et Dieu
sait s'il est finement et spirituellement traité. On y reconnaîtra
sans peine un apothicaire. Les traits accentués, les rides
profondes, qui sillonnent son visage et qui lui donne tant de caractère,
en font un homme d'un certain âge il porte une robe traînante,
dont les manches sont d'une extrême complication un rang de
crevés aux épaules, deux torsades vers le coude et encore
un rang de crevés au poignet, le tout allant en diminuant de
l'épaule au poignet. De sa ceinture partent quatre longues
basques arrondies par le bas et qui paraissent être faites de
cuir ou d'étoffe raide et ornées d'un semis de gros
pois. II pile dans un énorme mortier quelque « drogue
laxatifve », mais ce travail il le fait machinalement,
et son esprit est ailleurs : il écoute sans doute les misères
de quelque cliente, et il cherche dans sa tête le meilleur remède
à ses maux (2).
7-8. Dans une
chaire à prêcher carrée, sans dossier ni abat-voix,
affublé d'une chape de Jacobin dans le capuce de laquelle il
a déjà emmagasiné trois pièces de volaille
(3), maître Renard prononce « ung bel et solempnel sermon
» devant un auditoire de gallinacées, quatre coqs et
deux poules. Le rusé mangeur de poulets singe le geste d'un
prédicateur d'une façon vraiment comique : une patte
sur l'appui de la chaire ; il accompagne de l'autre, qui est |
Notes |
(1) Nous retrouverons le même sujet
dans les pendentifs. - Cf. miséricordes de la cath. d'Auch.
(2) Nous retrouverons un semblable sujet dans l'appuie-mains 69-70.
- Cf. appuie-mains des stalles de la cath. de Rouen.
(3) A l'époque où les religieux mendiants allaient encore
de porte en porte quêter leur subsistance, comme ils ne portaient
ni bourse, ni sac, ils mettaient partout où ils pouvaient les
objets qu'on leur donnait, dans leurs manches, dans leur capuce ou
ailleurs. Les Franciscains ont conservé l'usage de se servir
de leurs manches en guise de poches. Le même détail se
retrouve dans le renard prêchant aux poules des stalles de Saint-Taurin
- d'Evreux (LANGLOIS, Stalles de la cath. de Rouen, pl. 87), dans
celui de l'église de Cuiseau, Saône-et-Loire (MONNIER,
Bullet. archéol. du comité, t. II, 1842, p. 636), et
probablement ailleurs encore. |
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levée, une pénétrante et persuasive démonstration.
Son fin museau a été altéré par l'usure
et présente aujourd'hui l'aspect d'un bec de corbeau (1).
8-9. Le
boulanger. Il est à peu près entièrement nu :
son seul vêtement est un tablier bavette fortement échancré
sur la poitrine et sur les épaules, avec un bizarre collet
formé de quatre rangs d'imbrications. Il a sur la tête
un mouchoir attaché par un affiquet, tandis que son chapeau,
à bords crénelés, retenu au cou par une gourmette,
tombe sur son dos. Pour donner plus de corps à la base et conserver
le galbe général, l'artiste a très habilement
fait retomber sur ses cuisses et sur ses jambes de gracieux enroulements
de feuillage, qui n'appartiennent pas à son costume. Il est
accroupi et tient devant lui une corbeille remplie de pains ronds.
Malgré l'usure qui a fait presque entièrement disparaître
le nez, la physionomie de notre personnage a conservé je ne
sais quel charme dans l'expression (2).
9-10.
Un homme au visage orné d'une forte barbe, chaussé de
houseaux, vêtu d'une longue. robe fendue d'un seul côté,
serrée à la taille, et coiffé d'un chapeau. Sur
ses épaules, il porte une hotte en vannerie remplie de petites
boules, qui peuvent être des fruits, des légumes ou autres
choses, et il s’appuie sur un gros bâton (3). Protégé
par le chapeau, le visage a gardé sa fraîcheur.
10-11.
Un jeune garçon imberbe, presque un enfant, à la chevelure
frisée comme un mouton, grelots pendus aux oreilles, très
coquettement vêtu d'une saie aux manches tailladées aux
épaules, ouverte en cœur sur le devant pour laisser voir
le vêtement de dessous, et d'un manteau négligemment
jeté sur l'épaule gauche et drapé autour du corps.
La tête levée, le nez en l'air, comme s'il éprouvait
une suprême jouissance - position fâcheuse pour lui, car
le frottement des mains lui a complètement aplati le visage
- la main gauche entre les cuisses, ..... il donne « la chasse
à de très menu gibier », pensent charitablement
MM. Jourdain et Duval.
11-12.
Un « ménestrel ». Un homme imberbe, le visage usé
par le frottement, vêtu d'une longue robe entrouverte à
la gorgé, besace frangée à la ceinture, chapeau
à plumes, jouant de la musette (4).
12-13.
Femme vêtue d'une robe fort simple, ouverte, en pointe par derrière
et attachée par des lacets d'une façon fort originale,
et, par devant, découpée en carré avec une petite
fente tout à fait coquette sur un vêtement de dessous
posé à plat. A la taille est une courroie à laquelle
pend une jolie bourse ornée de petites boules. Elle est coiffée
d'un mouchoir qui ne laisse rien paraître de sa chevelure. Ce
doit être un accoutrement de femme du peuple ou de mesquine,
car nous verrons plus loin (5) une lavandière porter une robe
à peu près de même coupe. Accroupie, les mains
croisées sur son genou droit, elle semble écouter une
voisine qui raconte une histoire, ..... à moins qu'elle ne
la raconte elle-même (6). |
Notes |
(1) Ce n'est pas le lieu d'entreprendre
une dissertation sur ce sujet si populaire au moyen âge. Rappelons
seulement ce texte d'un auteur sacré du XIII° siècle
: « Ve prophetis insipientibus, qui sequuntur suum spiritum...
Quasi vulpes in deserto prophete tui, Israël, erant. Vulpes insidiantur
pullis galline, sic mali prelati subditis quos debent, gallina tanquam
pullos, fovere ». Comment. sur les psaumes, par jean Halegrin
d'Abbeville. Bibl. Nat. ms. lat. 447, fol. z. - Sur jean Halegrin,
voy ci-dessus, P. 16.
(2) Cf. l'appuie-mains 44-0 des stalles de la cath, de , Rouen.
(3) La partie supérieure du bâton et tout l'avant-bras
gauche sont brisés.
(4) La pipe et les chalumeaux de l'instrument ont été
brisés: - Cf. Stalles de la cath. de Rouen; misér. 51
berger jouant de la musette.
(5) Appuie-mains 70-71.
(6) Il ne lui reste plus rien du visage. |
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13-14.
Cet homme à longs cheveux et longue barbe, assis les jambes
croisées, ne peut être qu'un mendiant. II a pour tout
vêtement un chapeau à larges bords retroussés
par devant, et un simple morceau d'étoffe artistement drapé,
de manière à compléter le galbe de l'appuie-mains.
Ce doit être un spécimen de l'intéressante catégorie
d'individus que, dans les registres de l'échevinage d'Amiens,
nous voyons qualifiés de maraux, bélistres et
mendians, la plaie des villes et des campagnes au moyen âge,
hôtes dans cette ville de la rue des Miracles (2), et contre
lesquels la municipalité fit tant d'ordonnances restées
toujours inefficaces. L'échevinage les fit notamment expulser
de la cathédrale en 1506 (3).
14-15. Un
ange aux longues ailes, vêtu seulement d'une tunique sans
manches, retroussée sur les genoux, tenant un écu
parti, de forme contournée.
15-16.
La mère sotte. Le nez en l'air et vous regardant avec un
rire niais de sa grosse face aplatie par le frottement ; sortant
d'un capuchon à oreilles d'âne, orné par le
milieu d'un rang de grelots qui vont en s'amincissant de la nuque
au front, elle « touille » avec une grande cuiller une
espèce de bouillie dans une marmite placée devant
elle.
16-17.
Je ne sais pourquoi MM. Jourdain et Duval ont traité de niais
ce petit homme imberbe, à l'air pensif. Est-ce sa faute si
le temps et les caresses des chanoines lui ont aplati le visage
et brisé en même temps que sa main droite l'objet qu'il
tenait sous son bras gauche et qui nous eût peut-être
permis de le reconnaître ? Toujours est-il que ce qui reste
de l'extrémité inférieure de cet objet est
une sorte de gros bâton ressemblant assez à la monture
d'une arquebuse. Son costume est une longue robe à col droit,
serrée par une ceinture, à manches larges aux coudes
et étroites aux poignets, relevée sur le genou droit
et laissant voir les chaussons qu'il a aux pieds et ses chausses
distinguées en haut et bas de chausses, jarretés sous
le genou. Il est coiffé d'un chapeau.
17-18.
Le boucher. Il a une espèce de béret sur la tête;
son pourpoint est à col droit, boutonné par devant,
avec manches longues et étroites, tailladées aux coudes
et aux épaules ; la chemise s'échappe en flots
entre ce pourpoint et le haut de chausses qui s'arrête à
mi-cuisses ; le haut et le bas de chausses sont extrêmement
collants et moulent exactement les formes. Protégé
par un ample tablier ingénieusement drapé, il enfonce
un couteau dans la gorge d'un animal, bœuf ou veau, aux formes
assez mal définies, étendu sous lui et sur la tête
duquel il pose un pied ; l'autre genou est sur les reins de
la victime (4).
18-19.
Cet appuie-mains a été intitulé par MM. Jourdain
et Duval : La vieille et l'oiseau. Je leur en demande pardon,
c'est bel et bien un homme, voire même un jeune homme, le
faucon au poing, mais dont le frottement a complètement aplati
le visage. Il est imberbe, à demi agenouillé et porte
une longue houppelande à col droit, ouverte sur le devant,
de la gorge à la ceinture, serrée à la table
et retombant en plis par-dessus la ceinture. La façon des
manches est tout à fait remarquable : elles sont à
peu près faites comme celles du personnage de l'appuie-mains
16-17, c'est-à-dire larges aux coudes et étroites
aux poignets, mais, un peu plus bas que le coude, elles sont coupées
et munies de manchettes mobiles qui peuvent s'y rattacher au moyen
de gros boutons ; pour le moment, celles-ci sont défaites,
pendant au dernier bouton, et le bras nu sort directement de la
partie dormante de la manche. Cette façon très commode
et très gracieuse en même temps, était sans
doute imaginée pour pouvoir servir l'hiver et l'été.
Un mouchoir est noué sur la tête, avec un chapeau par-dessus.
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Notes |
(2) 1533 : « Et pour ce que lesdits
belistres ..... et telle manière dé gens se porroient
logier et cachier ès maisons de plusieurs cabarestiers, hostelliers,
tant en la rue des Miracles, comme ailleurs », etc. Arch. de
la ville d'Am., AA 12 (reg. M), fol. 171 v°
(3) Échevin. du 13 juin 1506. Arch. de la ville d'Am., BB 20
Col. 127 v°.
(4) Le visage a été défiguré par l'usure. |
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19-20.
Encore un homme que MM. Jourdain et Duval ont pris pour une femme
: ils l'ont intitulé la maîtresse d'école.
C'est plus excusable, à cause du voisinage du maître
d'école que nous allons voir et de l'arrangement qui est
à peu près identique; mais, en y regardant de près,
on ne peut se refuser d'y voir un religieux (1) vêtu de la
chape des Jacobins, sous laquelle on peut presque distinguer le
scapulaire, le chaperon sur la tête. Un genou à terre
sur lequel il s'appuie d'une main, il est accoudé sur l'autre
genou. Devant lui est agenouillée une très petite
femme vêtue d'une robe à larges manches avec parements
; ouverte en carré sur la poitrine, laissant voir les fins
plis de la chemise, et bizarrement coiffée d'une espèce
de voile posé en carré sur la tête, et divisé
en trois longues bandes : celles des côtés se terminent
en pointes et tombent droit, tandis que celle du milieu s'élargit
légèrement par le bas et, prise dans la ceinture,
descend jusqu'à terre (2). Par-dessous ce voile, on aperçoit
les cheveux qui tombent droits. Elle joint les mains (3). Nous v
verrions volontiers une dame à confesse, et ses proportions
restreintes (4) s'expliqueraient par l'impossibilité de faire
tenir deux personnages de même taille sur un même appuie-mains
(5).
20-21.
Le maître d'école. C'est un homme âgé,
vêtu d'une longue robe à larges manches et coiffé
d'un chaperon dont la patte retombe sur le côté. Il
apprend à lire, en suivant du doigt sur un gros livre, à
un jeune garçon qui se tient debout à côté
de lui.
21-22.
Une femme (6) vêtue d'une robe serrée à la taille,
ouverte en carré sur la poitrine, à amples manches
munies de larges parements, sous lesquelles on aperçoit,
les extrémités godronnées des manches d'un
vêtement de dessous, peut-être de la chemise. Elle porte
la coiffe dite d'Anne de Bretagne et tient dans ses bras un petit
lapin.
22-23.
C'est encore une femme. Les manches de sa cotte sont très
larges aux entournures jusqu'au coude, et serrées au poignet.
Un mouchoir est arrangé en rond autour de sa tête ;
un tablier à bavette protège ses habits. D'une main,
elle s'appuie à sur une des anses d'un baquet de bois placé
devant elle, dans lequel sont des herbes, tandis que, de l'autre,
elle prend une poignée d'herbes dans un panier pour les laver
dans le baquet. On se plaît généralement à
voir dans ce petit personnage un représentant de l'antique
corporation des hortillons d'Amiens, qui, aujourd'hui encore, cultivent
les jardins maraîchers dits hortillonnages situes dans des
îlots formé par les innombrables bras de la Somme et
de l'Avre à l'est de la ville, et qui, plusieurs fois par
semaine, apportent leurs légumes, dans des bateaux, au marché
d'Amiens.
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Notes |
(1) Le visage est fruste.
(2) Nous verrons encore dans nos stalles d'autres femmes porter une
coiffure analogue; plusieurs ont le pan intermédiaire lu voile
replié sur la tète (Cf. les appuie-mains 23-24, 30-31)
(3) Son visage est brisé.
(4) Ce n'est pas un enfant, mais bien une petite femme.
(5) Voy. plus loin, dans l'appuie-mains 108-109, un autre sujet de
confession. - Cf. miséricorde des- stalles de Saint-Gervais
à Paris, représ. un prêtre en surplis, bonnet
carré sur la tète, assis dans une grande auge carrée
et levant la main sur une femme dont ta coiffure n'est pas sans analogie
avec celle de la pénitente qui nous occupe (XVI° s ). Peut-être
peut-on voir là un des plus anciens exemples de confessionnaux.
(6) Le visage est fruste. |
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23-24.
Femme vêtue d'une robe sans ceinture et à larges manches,
ouverte en carré sur la poitrine qui est laissée à
nu. Sa coiffe rappelle celle dite d'Anne de Bretagne, mais elle est
munie par derrière d'une bande d'étoffe longue et assez
étroite repliée en trois et ramenée sur le haut
de la tête. Elle porte sur l'épaule gauche un tinet à
chacune des extrémités duquel pend un seau (1).
24-25.
Une mendiante. Elle n'est couverte que un manteau noué sur
l'épaule gauche et drapé autour du corps, les bras,
les jambes et les pieds laissés à nu, mais elle a des
grelots pendus aux oreilles, et, sur la tête, un riche et élégant
bourrelet, la défroque de quelque grande dame : luxe et misère.
Sur son bras droit elle porte, enveloppé dans un pli de son
manteau, un petit enfant actuellement brisé, mais qui devait
être nu; de l'autre main, elle tire violemment par le bras un
autre enfant plus âgé, vêtu seulement dune espèce
de longue jaquette rattachée par un seul gros bouton, tenant
son chapeau à la main, le reste du corps, bras, jambes et pieds
entièrement nus (2).
25-26. Vieillard
imberbe, dont l'usure n'a pas défiguré les traits. Il
est vêtu d'une longue robe à col droit, attachée
sur le haut de la poitrine par un seul bouton, sans ceinture, et avec
manches longues et étroites ; sur sa tête est une espèce
de bicorne à plumes. Appuyé sur un bâton, il tient
un écu chargé d'un mascaron à figure humaine,
à la bordure engrêlée.
26-27. Le sot
et ses enfants. Visage grimaçant et lippu, yeux caves, bouche
entr'ouverte, il porte une longue robe avec une rangée. de
grelots sur la couture des manches (3). Coiffé d'un chaperon
à oreilles d'âne, il s'appuie sur une marotte à
longue hampe (4). Sur son dos est une hotte en vannerie d'où
émergent deux petits monstres d'enfants vêtus et encapuchonnés
comme lui, aussi laids que lui, et dont un le tire espièglement
par le bord de son chaperon et le force à se détourner
en riant bêtement.
27-28.
Autre sot. Beaucoup moins vêtu que le précédent,
il n'a qu'un haut de chausses fort court, ne tombant qu'à mi-cuisses
et laissant le reste, des jambes et les pieds nus, avec une rangée
de grelots aux jarrets. Par-dessus est une robe assez courte, ouverte
par devant, attachée par deux boutons sur la poitrine, fuyant
en pointe par derrière, avec un grelot à l'extrémité;
les manches sont très larges à hauteur du coude : elles
tombent aussi en pointe terminée par un grelot, et se rétrécissent
ensuite brusquement vers le poignet. Un chaperon à oreilles
d'âne lui enveloppe la tête. Il pose un genou en terre
et, sur l'autre, il tient une grande écuelle remplie d'un ragoût
qu'il mange avidement avec une cuiller, levant le menton en l'air,
comme s'il disait : « que c'est bon ! » Le visage
est un peu usé, mais les traits étaient tellement accentués,
tellement énergiques, qu'on en retrouve encore parfaitement
l'expression : mâchoire large, bouche très grande, nez
petit et en trompette, yeux creux et vifs, pomme d'Adam très
saillante. |
Notes |
(1) Le visage est entièrement défiguré
par l'usure.
(2) Les deux visages sont frustes.
(3) Cf. la sotte à l'appuie-mains 15-16
(4) La partie supérieure est fruste. |
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28-29.
Un personnage imberbe, bouche entrouverte, visage joufflu mais assez
abîmé par l'usure, cheveux très courts, autour
desquels est enroulée une espèce d'écharpe nouée
sur le côté. Il porte une robe assez longue, à
col droit, avec manches larges jusqu'aux coudes et étroites
aux poignets, serrée à la taille, fendue sui' les côtés
et laissant voir les chausses collantes. A sa ceinture, du côté
droit, est pendue une grande bourse. Il caresse sur la tête
un grand chien à poil ras, assis à côté
de lui.
29-30.
Homme vêtu d'une longue robe avec col à crevés
dont les manches ornées de torsades aux épaules et aux
coudes, sont tailladées aux poignets. Sur sa tête est
une sorte de bonnet carré bizarrement découpé
sur les bords. Il est agenouillé devant un établi, sur
lequel est posé une espèce de plat rond fixé
par un valet et un crochet, et qu'il travaillait de la main gauche
avec un outil (1). Il s'apprête à frapper dessus au moyen
d'un maillet qu'il tient de la main droite. A cause de l'objet qu'il
fabrique, et qui est bien un plat, ce ne peut être un hucher,
comme l'ont cru MM. Jourdain et Duval, mais plutôt un futaillier
faisant un plat de bois, dont l'usage était très fréquent
au XVI° siècle (2).
30-31.
Une femme paraissant âgée, une patenôtre pendue
à la ceinture. Elle est coiffée d'un voile semblable
à celui que nous avons vu précédemment porté
par la petite femme du groupe 19-20 A demi agenouillée, elle
tient devant elle un grand livre ouvert. MM. Jourdain et Duval lui
ont vu des lunettes sur le nez, mais l'état d'usure du visage
ne permet plus de s'en assurer.
31 F..
(3). Un singe assis et appuyé sur un bâton. Il est vêtu
d'une espèce de saie à manches largement ouvertes et
à capuchon relevé, serrée à la taille
et découpée en trois sortes de basques raides et arrondies
par le bas (4).
E-32 (5).
Une vieille femme voilée, à demi agenouillée
et tenant devant elle un livre ouvert.
32-33. Un ange
vêtu d'une tunique et tenant devant lui un écu parti
(6).
33-34.
Une jeune femme vêtue d'une robe ouverte en carré par
devant, laissant voir les fins plis de la chemise, manches serrées
par une cordelière au-dessous des aisselles, très larges
aux coudes et étroites aux poignets. Sa coiffure, altérée
par le frottement, devait être fort élégante.
L'état d'usure où se trouve son visage n'empêche
cependant pas de voir qu'elle souriait à un petit garçon
dont elle caresse la chevelure d'une main, lui prenant la main de
l'autre. L'enfant la regarde avec un gentil sourire. MM. Jourdain
et Duval ont eu raison d'intituler La jeune mère ce
charmant petit groupe.
34-35.
Un homme d'église accroupi, en surplis, l'aumusse sur le bras,
à peu près semblable à ceux que nous avons vus
à l'appuie-mains 4-5. Il tient devant lui un grand livre ouvert,
dans lequel il chante. Il paraît avoir été tonsuré,
bien que l'état d'usure de la tête ne permette pas de
bien s'en rendre compte. |
Notes |
(1) Cet outil et la main qui le tenait
sont brisés.
(2) Voy. ci-dessus, t. I, p. 515.
(3) Faux appuie-mains.
(4) l'enseigne
du Singe. Arch. de la ville d'Am., 1311 t.), fol. 126,
(5) Faux appuie-mains. |
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35-36.
Le vieux buveur. On ne peut mieux appeler cet étrange bonhomme
qui, un genou en terre, tient de la main droite une cane couverte,
et, de la gauche, un gobelet dans lequel il s'apprête à
boire. Son accoutrement est extrêmement bizarre : houseaux aux
pieds, habit à col droit, ouvert en cœur, grandes manches
larges d'où sortent celles du vêtement de dessous qui
sont longues et étroites. A partir de la ceinture, l'habit
se divise en une infinité de petites basques ou de lanières
raides, arrondies par le bas, bordées d'un galon engrêlé
et de petites houppes. Un énorme cimeterre dans son fourreau
damasquiné ou brodé lui pend au côté gauche.
Sur sa tête à longs cheveux est posé un chapeau
à larges bords retroussés et surmonté d'un motif
de passementerie : le menton entièrement rasé, il ne
porte que de longues moustaches et des favoris.
36-37.
Le tailleur d'images. Imberbe, vêtu d'une longue robe serrée
à la taille, à col droit, fermée par devant en
forme de plastron rattaché avec une aiguillette sur l'épaule
gauche, chapeau à petits bords sur la tête (1), il est
accroupi devant tin établi sur lequel est couchée une
statue qu'il est en train d' « élabourer » :c'est
un saint qui tient un livre fermé. Sur l'établi sont
posés deux ciseaux ou deux gouges, pour les avoir sous la main,
exactement comme font encore les sculpteurs sur bois; par-dessous,
il y a encore d'autres outils (2).
37-38.
Au lieu de l'architecte ou dresseur de plans proposé par MM.
Jourdain et Duval, nous aimerions mieux l'appeler, mais sous toutes
réserves, le maître maçon à l'étude.
Il est vêtu à peu près comme le précédent,
sauf qu'il |
Notes |
(1) Les mains et les outils qu'elles tenaient
sont brisés. Le visage est très abimé par l'usure.
(2) Cf. les tailleurs d'images sculptés sur deux miséricordes
de la cath. de Rouen (22 et 29). |
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est coiffé d'un bonnet carré. Sur la table
devant laquelle il est assis, est posé quelque chose de fort
mince, planchette ou papier, sur lequel il travaille, une équerre
à la main (1).
38-39.
Est-ce bien un écrivain, comme l'ont pensé MM. Jourdain
et Duval? Son costume nous le fait considérer comme un personnage
d'une condition plus relevée : il a le visage entièrement
rasé ; sa longue robe, fort simple, serrée à
la taille, munie de manches à parements, avec le chaperon qui
lui pend derrière le dos et son bonnet carré, constituent
la mise d'un homme grave, homme d'église, professeur, magistrat
ou savant. Il est assis et écrit dans un livre ouvert devant
lui et posé sur un guéridon carré à un
seul pied; l'encrier est à côté. Son nez n'a pas
résisté au frottement.
39-40.
L'usurier ou le changeur (2). Imberbe, vêtu d'une longue robe
serrée à la taille, dont les manches sont à larges
parements, la tête enveloppée dans un chaperon à
collet boutonné par devant, bourse pendue à la ceinture,
il est assis : sur une planche posée sur ses genoux, il compte
d'une main de grosses pièces de monnaie, les unes à
l'écu de France à trois fleurs de lis, d'autres à
la croix, tandis que, de l'autre, il tient un sac d'écus (3).
40 D (4).
Monstre accroupi, à figure humaine, barbue, très énergique,
griffes en guise de mains et de pieds; il est entièrement couvert
de feuillage et tient un sarment dans une de ses griffes. D'une conservation
parfaite.
Les trois ou quatre sujets qui suivent sont, avec ceux qui leur font
vis-à-vis du côté nord (96 à 99), les plus
abîmés de tous les appuie-mains : c'étaient les
places des chantres et des musiciens (5). C'est aussi sur les dossiers
de ces mêmes stalles que l'on trouve le plus de noms gravés.
D. 41
(6). Un ménestrel. Jeune homme imberbe aux cheveux taillés
en couronne autour de la tête et bouclés. Il est à
demi agenouillé, vêtu d'une longue et ample robe artistement
drapée, et pince du luth (7)
41-42. Un centaure
ou sagittaire. Monstre à buste humain, visage imberbe, tête
nue, cheveux courts; il bandait un arc dont l'extrémité
inférieure seule subsiste, adhérant à l'un de
ses pieds de devant (8). Le buste humain sort d'un corps à
quatre pieds de cheval (9).
42-43.
Samson. Son abondante chevelure frisée est retenue par un bandeau
noué autour de la tête (10). Sa longue robe, attachée
sur le devant par un bouton, est munie de manches fendues qui tombent
jusqu'à terre, en laissant passer les manches longues et étroites
d'un vêtement de dessous; elle est serrée par une ceinture
ornée de pendeloques. Pieds nus, il est à cheval sur
|
Notes |
(1) L'autre main et l'objet qu'elle tenait
sont brisés. Il ne reste plus rien du visage.
(2) Dans la poésie intitulée les Souhaits des hommes,
il y a les deux. A. De MONTAIGLON, Rec. de poésies franç.
des XV et XVI° s., t. III, p. 133. Dans la Danse macabre des heures
de Simon Vostre, il y a l'usurier seulement.
(3) Le visage est fruste.
(4) Faux appuie-mains.
(5) II faut dire que les chantres assistaient à tous les offices,
tandis que les stalles des chanoines et des chapelains n'étaient
pas toujours toutes remplies.
(6) Faux appuie-mains.
(7) Un peu usé par le frottement.
(8) Le reste, ainsi que tout l'avant-bras gauche, a disparu. - II
y a des centaures dans les vignettes des heures de Simon Vostre.
(9) Très défiguré par l'usure.
(10) Dans l'histoire de Samson figurée sur les rampes I 1o6
et I 107, Samson est coiffé de même Voy. ci-dessus, t.
II, P. 206 |
|
un lion, dans la gueule duquel il introduit sa main.
Sa tête est entièrement abimée par le frottement
(1).
43-44.
Un homme (2) imberbe, coiffé d'un ample bonnet à deus
pointes basses terminées par des glands, sur lequel est posé
un chapeau, dont l'usure ne permet plus de reconnaître la forme,
et vêtu d'une longue robe aux manches d'une extrême complication
: elles sont bouillonnées aux épaules, puis serrées
par une torsade d'où part un rang d'espèces de rubans
arrondis par le bas et retombant jusqu'au coude sur la manche qui
est large en cet endroit, puis étroite et tailladée
au poignet. II tient devant lui un médaillon circulaire ou
plutôt un miroir reflétant un buste d'homme.
44-45
Est-ce le trompette de la ville d'Amiens ? Ce serait un très
intéressant personnage. C'est lui qui faisait par la ville
les publications « à son de trompe et cri public »,
et il est maintes fois cité dans les archives municipales.
Il se présente un genou en terre, les jambes dégagées
et couvertes de chausses collantes. Son habit est très singulier
: corsage bouffant, à col droit orné d'un rang de perles,
manches bouillonnées vers les épaules et serrées
sous les aisselles, d'où elles tombent très longues
jusqu'à terre, par un rang de perles; le bras sort par une
fente, couvert de la manche étroite d'un vêtement de
dessous. Du corsage s'échappe une garniture de longues basques,
raides et arrondies par le bas. Un chapeau à plumes est coquettement
posé sur la tête. Il tient dans sa main gauche une grande
trompe (3). Sa tête et son visage sont horriblement défigurés
: il semble pourtant qu'il ait eu les joues gonflées, comme
s'il soufflait dans sa trompe (4).
45-46.
Le « harpeur ». Vieillard à forte barbe,
vêtu d'une ample robe à col rabattu, aux manches fendues
et ouverte par devant, laissant voir un vêtement de dessous
à petits plis tenus par des bandes horizontales. Sur sa tête
est un chapeau à larges bords, qui devait être orné
par en haut d'un motif de passementerie. Il est assis et joue de la
harpe (5).
46-47.
Un homme imberbe agenouillé, coiffé d'une écharpe
enroulée autour de la tête, avec son extrémité
inférieure retombant sur le côté comme la patte
du chaperon. Il est vêtu d'une longue robe à col droit,
serrée à la taille, boutonnée par devant, à
larges manches tombant très bas. Ce n'est pas l'accoutrement
d'un homme d'église, comme MM. Jourdain et Duval l'ont pensé.
Il tient devant lui un livre ouvert qu'il semble présenter
au spectateur. Bien que le visage soit un peu fruste, il lui reste
encore cependant une certaine expression de mélancolie tout
à fait remarquable.
|
Notes |
(1) C'est un sujet très fréquent,
et que l'on voit notamment dans les anciennes estampes et dans de
nombreuses stalles de la même époque. Cf. stalles des
cathédrales de Rouen, d'Auch, de Constance, etc. Il est d'ailleurs
fort ancien : on peut le voir déjà à un chapiteau
du portail de l'église de Moissac (fin XI° s., comm. XII°)
et à un autre chapiteau du cloître de la même église
(1100), avec cette inscription SASON.
(2) Sa tête a été fort défigurée
par l'usure, mais elle n'a rien de fantastique, quoi qu'en aient dit
MM. Jourdain et Duval.
(3) L’ embouchure de la trompe et la main droite du personnage
sont brisées.
(4) Il y a un sujet analogue à un appuie-mains des stalle,
d'Auch.
(5) La partie antérieure de l'instrument est brisée.
Il y avait à Amiens une maison à l'enseigne de la Harpe,
Haute rue Notre-Dame. |
|
47-48.
Celui-ci est barbu et, comme son voisin, complètement agenouillé.
Le corsage de sa robe est assez bizarre : quadrillage sur le dos,
manches longues et étroites, col droit tailladé; autour
de la ceinture, une garniture de basques ou plutôt de bandes
longues, étroites et bordées de houppettes, par-dessus
lesquelles est posé un ceinturon lâche. Sur sa tête
est un bonnet carré. De sa main gauche il tient par la courroie
un écu à trois écus posés 2 et 1, et que
MM. Jourdain et Duval pensent être celui des Boubers-Abbeville
(1).
48-49. Un monstre
accroupi, à tête humaine, dont la barbe n'est rasée
qu'au menton, laissant les moustaches et le collier; il est coiffé
d'une espèce de capuchon qui retombe sur les épaules,
et sur lequel est placé un chapeau crénelé (2).
Cette tête est sur un corps de quadrupède aux pieds munis
de griffes et à longue queue de vache, une paire d'ailes sur
le dos. Autour du cou, pour marquer la transition entre la tête
d'homme et le corps d'animal, est une sorte de collet déchiqueté
en feuillage.
49-50. Une
élégante jeune personne. Son corset ouvert en carré
sur une chemise à fins plis a des manches étroites et
tailladées aux épaules et aux coudes, serrées
et boutonnées aux poignets, d'où s'échappent
des bouffants d'étoffe. Elle est tête nue, sans doute
pour faire voir avec quel art elle est coiffée : les cheveux
sont disposés en plusieurs nattes qui s'entrelacent sur la
tête de la façon la plus compliquée, et viennent
retomber toutes droites des deux côtés du visage et par
derrière. Elle est à genoux et caresse un petit chien
à poil ras, qu'elle tient dans un pli de sa robe (3).
50-51.
Un genou en terre, notre homme tient devant lui un grand livre ouvert
et s'interrompt dans sa lecture pour nous regarder passer. Sa longue
robe à col droit n'est attachée sur le devant que par
un seul bouton; elle a des manches bouillonnées en côtes
de melon aux épaules, serrées ensuite par un rang de
petites découpures, puis devenant très amples aux coudes,
resserrées à l'avant-bras, et retombant enfin en entonnoir
sur le poignet. Une écharpe entortillée autour de sa
tête lui sert de coiffure.
51-C (4).
Un tout jeune homme imberbe, tête nue, aux cheveux bouclés
en couronne, au visage angélique, jouant de la harpe (5). Son
costume a aussi quelque chose de céleste et d'éthéré
: une simple tunique sans manches, très décolletée,
fendue sur les côtés jusque sous les aisselles, et laissant
les bras, les jambes et les pieds nus. C'est pourquoi nous ne voulons
pas l'appeler un ménestrel. Il est à demi agenouillé.
C-52 (6).
Celui-ci n'a rien d'angélique. C'est un monstre à quatre
pattes munies de griffes, la tête chevelue à longues
oreilles pointues, la gueule béante. Accroupi, il détourne
la tête et regarde un petit singe qui joue derrière lui
avec un écu.
|
Notes |
(1) II semble que ce soient plutôt
des armes de fantaisie, comme d'ailleurs, la plupart des autres armoiries
répandues dans les stalles. - Le bras droit est brisé
et le visage est fruste, mais ils ne le sont pas assez pour que l'on
ne puisse pas s'apercevoir que les traits de ce personnage étaient
extrêmement accentués.
(2) Le visage est un peu fruste.
(3) Le visage est fruste.
(4) Faux appuie-mains.
(5) Voy. ci-dessus, appuie-mains 45-46.
(6) Faux appuie-mains. |
|
52-53.
Un homme à très longue barbe terminée en pointe
et coiffé d'un bonnet carré. Il porte une houppelande
à manches d'une façon très compliquée
serrées sous les aisselles par un rang de découpures
doit s'échappe une garniture d'espèces de rubans raides,
arrondis par le bas, très longs par derrière et courts
par devant pour faciliter le jeu du coude, poignets étroits
et tailladés. Il a un genou en terre et pose sur l'autre ses
deux mains, en regardant de côté, comme s'il voulait-écouter
ou expliquer quelque chose (1).
53-54.
Appuie-mains d'angle à deux personnages réunis par la
tête. Deux hommes au visage rasé, vêtus de longues
robes qui ne diffèrent que par la forme des manches : chez
celui-ci, de simples manches à parements ; chez celui-là,
de très amples ouvertures traînant presque à terre,
et d'où sort le bras couvert de la manche de chemise à
poignets serrés. Ils se tiennent amicalement par l'épaule,
les bras enlacés, et leurs deux têtes collées
l'une contre l'autre sortent en riant de la visagière d'un
seul et même chaperon (2). L'un d'eux tient un livre ouvert
qu'il présente au public. Comme l'ont fait MM. Jourdain et
Duval, nous intitulerons volontiers ce joli groupe Deux têtes
dans un même bonnet (3).
54-55.
Un homme portant la barbe en collier et vêtu d'une longue robe
à pèlerine. Tout autour de la taille, le long de la
ceinture, règne une rangée d'espèces de basques
ou plutôt de lanières, arrondies par le bas, allant en
diminuant de hauteur vers !es côtés, avec un affiquet
carré, posé en losange sur chacune, des hanches. De
sa main droite brisée, il tenait un objet qui a disparu avec
elle et dont on voit encore les traces le long de l'épaule
gauche (4).
55-B (5).
C'est un joueur de harpe, un « harpeur », comme
on disait, à peu près semblable à celui du n°
51-C, mais un peu plus vêtu.
G-56 (6).
Un monstre à quatre pattes, à tête de caniche,
la queue enroulée, et affublé d'un chaperon à
capuchon pointu et pèlerine.
56-57,
a (7). D'un côté de la jouée. Le donneur d'eau
bénite, ou plutôt le clerc de paroisse, car c'était
lui qui, le dimanche, portait l'eau bénite dans les maisons.
D'une conservation parfaite, il est facilement reconnaissable, ce
clerc, vêtu d'un long surplis à amples manches largement
fendues et coiffé de l'aumusse de fourrures (8). Il présente
son goupillon à longues barbes qu'il tient
de la main droite et qu'il vient de tremper dans le joli petit bénitier
placé à côté de lui. |
Notes |
(1) Toute la tète est défigurée
par l'usure.
(2) Les visages sont un peu frustes.
(3) Cf. une miséricorde des stalles de Mortain. DE LA SICOTIERE,
dans Bull. monum. . V, p. 376. - Dans une de celles des stalles de
la collégiale de Champeaux (Seine-et-Marne) on voit ainsi trois
têtes joyeuses émergeant d'un même capuchon. CHAMPFLEURY,
Hist. de la caricature ait moyen âge, p. 242.
(4) Le visage est entièrement fruste.
(5) Faux appuie-mains.
(6) Faux appuie-mains.
(7) Faux appuie-mains.
(8) L'aumusse n'était pas un insigne réservé
aux chanoines : les clercs du degré le plus intime, même
les clercs-lais, en étaient pourvus. 1439, 28 mai : élection
des paroissiens de l'église Saint-Germain en Amiens, .....
Jehennin Le Corbeillier, filz de Jehan Le Corbeillier cordouanier,
..... fu dénommé et esleu clerc d'icelle église
et paroisse de Saint-Germain, pour en goïr tantost aprez ce que
Me Jehan Leclerc, ad présent clerc d'icelle paroisse, ara canté
et célébré sa première messe, et non anchois.....
Item a esté baillié audit Le Corbeillier, et qui appartient
à l'église, I seelet de tierchain à quoy on porte
l'eaue benoite par chacun diemenche, une aumusche d'aigneaux noirs
et I souplis ». Arch. de la fabr. de Saint-Germain d'Am., cote
1re, liasse 2. - " L'aumusche et le souplis de feu sire Nicolas
Dagencourt, en son vivant curé de Saint-Ladre Echevin. du 20
févr. 1553, v, s. Arch. de la ville d'Am., BB 7, fol. 164 v°. |
|
56-57,
b (1). De l'autre côté de la même jouée.
Un petit vieux à longs cheveux, à la physionomie extrêmement
fine, faisant un geste d'étonnement. Il est à demi agenouillé.
Sur sa tête est un chapeau crénelé orné
d'un panache de plumes. Il est d'une conservation parfaite.
57-58. La nourrice.
Elle est drapée dans un ample manteau noué sur son épaule
droite. Le bourrelet dont elle est coiffée fait presque penser
au bonnet à couronne de rubans que portent les nourrices de
nos jours. Un de ses seins est découvert; elle va le présenter
à son poupon qui est soigneusement emmaillotté bras
et jambes liés dans des langes et des bandelettes.
58-59.
Encore un petit vieux au visage osseux et ridé. Il est à
demi agenouillé. Sur sa tête est un bonnet par-dessus
lequel est une écharpe enroulée, dont l'extrémité
retombe sur le côté à la manière de la
patte du chaperon (2).
59-60.
Museau d'angle à deux personnages. Un vieux couple : l'homme
à la figure longue, maigre, osseuse, parcheminée, est
coiffé d'un haut bonnet pointu, mais dont l'usure ne permet
plus de distinguer la forme exacte. Un genou en terre, il s'appuie
sur une canne à béquille (3). Le visage de la femme
porte aussi l'empreinte des années : traits accentués,
rides profondes. Elle a une coiffe dont le pan inférieur, formant
une bande longue et étroite, est ramené sur le haut
de la tête. Le bras gauche posé amicalement sur l'épaule
de son mari, elle lui caresse le menton de la main droite (4). Rien
de plus comiquement touchant que ces deux bons vieux. Ils ont travaillé
et vécu ensemble de longues années, jamais la discorde
ne s'est assise à leur foyer, et ils se rappellent avec joie
leurs anciennes amours : « Souvenez-vous en, souvenez-vous
en ! »
60-61.
Le cheval de bois. Est-ce avec intention ? A côté
de notre vieux ménage, l'entailleur a placé un tout
jeune enfant. La grosse face joufflue du marmot contraste étrangement
avec les visages décharnés de tout à l'heure.
II est nu-tête, ses cheveux sont courts et frisottants. L'usure
a donné à sa tête l'apparence d'une grosse boule.
Sa petite robe est habilement retroussée pour laisser voir
à nu ses petits bras, ses petites jambes et ses petits pieds
bien potelés. Il est à califourchon sur un de ces jouets
bien connus, consistant en un buste de cheval terminé par un
bâton qui traîne à terre. La tête de cheval
est brisée, mais les enfants ne s'inquiètent guère
si leurs jouets sont cassés ou non, et notre heureux bambin
continue toujours à joyeusement caracoler sur son cheval qu'il
tient par les rênes comme un vrai cavalier. Dans sa main gauche
est un minuscule moulin à vent aussi brisé. Il est fâcheux
que ce petit sujet ait subi de pareilles mutilations : ce devait être
l'un des plus jolis et des plus curieux de la série (5). MM.
Jourdain et Duval ne l'avaient certainement pas bien regardé
lorsqu'ils ont pris cet enfant pour un bourrelier. |
Notes |
(1) Faux appuie-mains.
(2) Le bras gauche est brisé.
(3) Elle est brisée par le milieu.
(4) par suite d'un mouvement qui s'est produit dans la pièce
de bois, le bras gauche de la femme s'est séparé du
corps et sa main droite a disparu. mais les extrémités
des doigts sont restés adhérents au menton de son époux.
(5) Il y a un sujet à peu près pareil dans un appuie-mains
des stalles d'Auch. - On voit aussi des enfants montés sur
des chevaux de bois semblables et jouant avec des moulins à
vent dans les vignettes des heures de Simon Vostre et d'Antoine Vérard. |
|
61-62.
Une jeune fille ou une jeune femme agenouillée, simplement
vêtue, une écharpe drapée autour de la tête
et sur les épaules, et paraissant prier (1).
62-63. MM.
Jourdain et Duval ont présenté, nous ne savons pourquoi,
ce personnage comme un damoiseau, un petit maître. Nous y voyons
un homme d'un certain âge, tête nue, à longs cheveux,
et à longue barbe, ce qui n'indique guère une prétention
à la jeunesse. Son manteau rejeté sur l'épaule
gauche, il fait un geste difficile à comprendre : la main
gauche ouverte et portée fortement en arrière, et la
droite levée près de l'oreille. Serait-ce un geste qui
correspondrait avec le sujet suivant, qu'il semble regarder (2)?
63-64.
Un homme à figure vulgaire, dont la large bouche dessine un
rire affreux ; petit nez, grands yeux, barbe taillée en
collier, vrai visage de singe. Ses cheveux crépus sont retenus
par une écharpe nouée sur le côté. Il est
misérablement vêtu d'une espèce de robe fendue
sur les côtés, laissant voir ses bras, ses jambes et
ses pieds nus. Il montre en ricanant un écu, à une orle
et une tête de mort, dont il tient en l'air la courroie avec
une joie féroce.
64-65.
Un homme assis, imberbe, assez maigre, aux vêtements courts.
Ses deux mains ont disparu ainsi que l'objet qu'il tenait, dont il
ne reste plus qu'un fragment contre son genou gauche.
65-66.
Un vigoureux gaillard à longs cheveux, longue barbe, ayant
pour tout vêtement une simple tunique relevée par devant,
bras, jambes et pieds nus (3), brandit une massue au-dessus d'une
hydre à deux têtes. deux pattes munies de griffes, deux
ailes et longue queue. Il la tient par le cou au moyen d'un cordon.
D'une de ses deux gueules, le monstre cherche à mordre l'habit
de son vainqueur. C'est évidemment Hercule tuant l'hydre de
Lerne.
66-67.
Nous avons vu précédemment Samson terrassant le lion
(4) : il faut sans doute voir ici Hercule étouffant le lion
de Némée. L'homme est presque entièrement brisé
: il n'en reste que les deux jambes. Il était vêtu d'une
longue robe et placé à cheval sur un lion. Sa main gauche
est restée dans la gueule de l'animal, dont il écartait
les mâchoires, comme nous l'avons vu faire par Samson.
67-68.
La « revenderesse de fruit ». Sa robe sans ceinture
est munie de manches larges à revers, d'où sortent celles
de la chemise. Un capuchon ou chaperon à collet enveloppe sa
tête. Assise devant un sac rempli de poires, elle en a pris
quelques-unes pour les offrir de son air le plus avenant.
68-69. Le plus
laid, le plus contrefait, le plus grotesque de tous les sots. Qu'on
se figure un horrible magot, bossu par devant et par derrière,
aux traits bizarrement accentués, ouvrant comme la gueule d'un
four une bouche démesurément grande - on y mettrait
une petite noix. - Sa laideur est encore augmentée par l'usure
qui a réduit son nez à rien. II porte les bas de chausses
|
Notes |
(1) Les deux mains sont brisées,
le visage un peu fruste.
(2) Le visage est fruste.
(3) Le visage un peu fruste.
(4) Appuie-mains 42-43. - Hercule terrassant le lion est presque aussi
souvent représenté que Samson dans les monuments du
moyen âge, surtout à partir du XV° siècle.
On aimait à les rapprocher l'un de l'autre, et il est. souvent
difficile de les distinguer. - Rappelons qu'au XV° siècle,
les travaux d'Hercule étaient peints sur l'hôtel dit
l'hôtel d'Hercule, que le président des Comptes La Driesche
avait fait élever au coin de la rue des Augustins à
Paris. |
|
ajustés jusqu'au-dessus des genoux, et le haut
de chausses à fond quadrillé et orné de bandes
verticales, s'arrêtant à mi-cuisses. Par-dessus, est
une saie attachée sous le menton par un seul bouton, et découpée
à partir de la ceinture en une suite de longues pointes; au
bout de chacune desquelles est une houppette. Les manches de l'habit
sont larges aux coudes, ornées de houppettes, étroites
et tailladées aux poignets. Un capuchon à oreilles d'âne
lui enveloppe toute la tête. Ce capuchon était surmonté
d'un ornement qui a disparu. A sa ceinture, et tout-à-fait
derrière le dos, est pendue. une bourse dite « à
cul de vilain » ou bourse gémelle. Dans sa main
droite il tient un petit sac qui paraît assez bien rempli, on
ne sait trop de quoi.
69-70. Encore
un apothicaire (1). C'est un homme imberbe, à la bouche largement
fendue et souriante. Coiffé d'un chapeau dont les larges bords
sont coquettement retroussés par derrière, il porte
une saie assez longue, munie de manches bouillonnées aux épaules
et tailladées aux poignets, fendue des deux côtés,
laissant voir ses jambes aux chausses collantes et aux houseaux tailladés
à la cheville. Une espèce de sacoche, ou peut-être
une petite trousse, de forme bizarre pend à sa ceinture derrière
son dos. A demi agenouillé, il est en train de piler dans un
petit mortier posé sur un escabeau, ce qui ne l'empêche
pas de lever les yeux pour vous regarder et pour vous faire voir sa
figure
70-71.
A genoux devant un baquet posé sur un escabeau et dans lequel
elle lave du linge, cette gentille lavandière a retroussé
les manches de sa robe lacée en pointe le long du dos Elle
est coquettement coiffée d'un mouchoir attaché sur le
haut du front soit par un affiquet, soit par un nœud, mais dont
l'usure ne permet plus de déterminer la forme. La même
cause lui a défiguré le visage, qui, malgré tout,
paraît ne pas avoir été indifférent.
71-72.
Un ermite plutôt qu'un religieux. Forte barbe, bonnet carré,
il porte une chape qui rappelle celle des Frères Prêcheurs.
Il égrène une patenôtre composée de dix
grains enfilés dans un cordon arrêté à
chaque bout par une petite houppe (3).
72-73.
Est-ce une religieuse? La tête enveloppée de la guimpe
et couverte d'un long voile, elle est agenouillée devant un
prie-Dieu couvert d'une courte housse, sur lequel est posé
un livre ouvert qu'elle maintient de la main droite, tandis que, de
la gauche, elle écarte son voile, comme si elle était
distraite de sa méditation par quelque événement
extérieur (4).
73-74.
Un homme à longue chevelure, coiffé d'un haut chapeau
en tronc de cone aux bords fortement retroussés. Sa longue
robe est attachée par un seul bouton, sur la poitrine. De la
main droite il tient une hallebarde, la pique en bas, et de la gauche
il s'appuie sur un écu décoré d'un quadrillage
à quatrefeuilles, avec umbo et orle perlé. Il a le nez
en l'air, la bouche entrouverte, et semble guetter quelqu'un ou quelque
chose d'un air menaçant.
74-75.
Celui-ci a un genou en terre. Il est coiffé d'un bonnet qui
ressemble assez au bonnet phrygien, ou, plus vulgairement, à
un bonnet de coton. Sa robe à col droit est attachée
sous le cou par un bouton à longue queue; les manches, serrées
par un cordon sous les aisselles, sont larges aux coudes et étroites
aux poignets. II déroule devant lui une banderole. |
Notes |
(1) Voy. appuie-mains 6-7.
(2) Sa main droite et le pilon ont disparu.
(3) Sa main droite est brisée. - Plusieurs personnages des
stalles de la cathédrale de Rouen portent des patenôtres
analogues. - II y avait â Amiens une maison à l'enseigne
de l'Ermite. - En 1497 l'ermite de « l'ermitage Ringuet »
(Notre-Dame de Grâce) compte parmi les religieux mendiants de
la ville d'Amiens. Echevin. du 25 août 1497 Arch. de la ville
d'Am., BB 17, fol. 176 v°.
(4) Le visage est fruste. |
|
75-76.
La « fillette ». Une jolie personne, mais que
la main des chanoines a, fort innocemment d'ailleurs, trop souvent
caressée. Sa robe, d'une élégante simplicité,
est extrêmement collante par devant, dégagée du
cou, prenant exactement les formes, et munie de manches à amples
et larges revers. Un manteau est jeté sur son épaule
droite. Sa coiffure devait être fort singulière, mais
l'usure l'a dénaturée au point qu'il est impossible
de s'en rendre un compte exact : c'est une espèce de couronne,
qui parait avoir été faite de feuillage et dont les
deux côtés viennent se réunir en s'amincissant
sur le haut de la tête, pour former une espèce de longue
corne terminée par une aigrette ou un bouquet, avec un affiquet
sur le front. De la main droite, elle soulève le couvercle
d'un joli coffret cylindrique orné de cannelures torses, assez
semblable aux boites à parfums que l'on voit entre les mains
des saintes femmes dans les représentations du Sépulcre
de la même époque. Elle regarde en souriant vers le personnage
qui suit (1).
76-77.
C'est le jouvenceau qui lui « fait de l’œil »,
comme on dirait de nos jours. Vêtu d'une longue robe à
pèlerine et coiffé d'une espèce de bonnet, la
main droite à la hauteur de la joue et ouverte en dehors il
regarde sa belle voisine d'un air et d'un geste qui marquent une ironique
admiration
77-78.
Encore un buveur, et ce n'est pas le dernier. Il n'a ni l'air abruti
de celui que nous avons vu à l'appuie-mains 35-36, ni la passion
de celui que nous rencontrerons dans le pendentif 13-14; il boit tout
simplement parce qu'il a soif. Son visage imberbe, ses cheveux courts,
indiquent un tout jeune homme : les manches de sa robe à
col rabattu sont très courtes et bizarrement plissées :
cette robe retroussée par devant laisse voir ses bras, ses
jambes et ses pieds nus. Son chapeau à longs poils et à
enseigne, est rejeté sur le dos, retenu par une gourmette.
II verse dans une écuelle le contenu d'un pot et vous regarde
d'un air de satisfaction qui fait plaisir.
78-79.
« Le bon pâté! » N'est-ce pas ce
que semble dire ce bonhomme à la face sensuelle qui, la main
gauche levée en signe d'admiration (3), nous montre de l'autre
un superbe pâté posé devant lui sur une table
proprement couverte d'une nappe frangée? Aussi bien pouvait-on
oublier le pâté dans Amiens (4)? L'habillement de notre
gourmet est assez simple : il aime mieux un bon dîner qu'un
bel habit. II n'a pas de ceinture, pour ne point gêner la digestion.
79-80.
Aux étuves. C'est une dame qui, apparemment, sort du bain (5),
coiffée mais non vêtue d'un mouchoir enroulé autour
de la tête, pour empêcher |
Notes |
(1) Au moyen âge, les « fillettes
» ou filles de joie étaient élevées à
la hauteur d'une institution. Elles tiennent une très grande
place dans les ordonnances de police de la ville d'Amiens.
(2) Le nez et la lèvre supérieure ont été
brisés. Le reste du visage est intact.
(3) Elle est brisée.
(4) Les archives de la ville d'Amiens renferment une foule de détails
sur l'importante corporation des pâtissiers et sur ses célèbres
pâtés. Il semble qu'au moyen âge les habitants
d'Amiens faisaient peu de cuisine chez eux et qu'ils préféraient
aller consommer chez les pâtissiers les viandes toutes préparées
ou les faire venir à domicile, surtout lorsqu'ils voulaient
faire bonne chère.
(5) Une très intéressante miséricorde des stalles
d'Auch représente plusieurs femmes dans un bain. - Une de celles
des stalles de l'église Saint-Gervais â Paris (comm.
XVI° s.) représente aussi tout une famille, père,
mère et enfants, entièrement nus dans une baignoire
de bois en forme de grand baquet oblong. On pourrait en citer encore
d'autres exemples. - L'usage des bains était très répandu
au moyen âge, et les étuves étaient des établissements
tris nombreux, très fréquentés, mais aussi assez
mal famés. Ce que nous considérons comme les règles
les plus élémentaires de la décence y était
complètement inconnu. Il y en avait plusieurs à Amiens.
auxquelles les registres de la ville font souvent allusion. Dès
1351 il y a une très curieuse ordonnance de l'échevinage
d'Amiens « touchant les estuveurs et les estuveresses »
(Arch. de la ville d'Am.. :AA 12. fol. 35). |
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sa chevelure d'être mouillée. (1). Elle
est assise, les jambes enveloppées dans le drap dont elle s'essuie
d'une main, tandis qu'elle parait éprouver beaucoup de plaisir
à palper sa poitrine de l'autre (2 ).
80-81. Reposons-nous
de ce dévergondage devant cet honnête travailleur. Il
nous intéressera d'autant plus que c'est un hucher (3), peut-être
le portrait ou plutôt la caricature d'un des ouvriers qui ont
travaillé à nos stalles. Son costume, fort original,
consiste en une saie assez longue, bordée d'un galon, serrée
à la taille, ouverte carrément, ayant sur la poitrine
une espèce de plastron attaché aux épaules par
des aiguillettes; les manches descendent seulement jusqu'au coude
: il en sort d'autres longues et étroites que dépassent
celles encore plus longues et plus étroites de la chemise.
Cette saie, fendue par devant, laisse voir les chausses jarretées
sous les genoux. Au moyen d'un rabot il dresse une planche placée
de champ sur une espèce de chevalet et reposant sur des chevilles
qui peuvent se monter ou se descendre à volonté. Son
vaste chapeau aux bords retroussés, posé sur un bonnet,
a préservé son visage qui respire bien la franchise,
la gaîté et l'intelligence.
81-82. Une
dame confortablement vêtue d'une robe fourrée avec un
petit tablier devant elle, coiffe dite d'Anne de Bretagne, chaussons
et galoches aux pieds. Agenouillée, elle rit aux passants (4).
82-83.
Le pèlerin. Le bourdon dans une main, et dans l'autre, une
grosse patenôtre à sept grains, faite comme celle que
nous avons vue au n° 71-72, il porte une longue robe à
manches bouffantes, serrées aux poignets, et à pèlerine
assez courte, échancrée sur les côtés et
arrondie par devant et par derrière. Sur sa longue chevelure
est posé un chapeau à larges bords ; sa barbe est
entière. Une vaste gibecière ornée de trois bouffantes,
avec la pattelette attachée par un lacet, lui pend en bandoulière.
83-84.
Une gentille jeune fille vêtue d'une robe fort simple et coiffée
d'une espèce de capeline. Elle pose sa main sur son oeil droit,
tient l'autre fermé, et semble sourire malicieusement, .....
à moins qu'elle ne pleure. Ce joli appuie-mains n'est qu'ébauché,
en partie. Le visage seul est fini; il est d’ailleurs admirablement
conservé et c'est un fin et joli minois.
84-85.
MM. Jourdain et Duval l'ont appelé l'obséquieux,
nous le nommerions plus volontiers l'enfant bien élevé,
ce bambin aux cheveux bouclés, de bonne figure, l'air souriant
et aimable. Il a une longue robe à col de fourrures, et salue
gentiment en soulevant son petit chapeau aux bords retroussés.
C'est dommage que le frottement l'ait privé de son nez et lui
ait émoussé les traits du visage.
|
Notes |
(1) Dans une suite des vignettes des
Heures de Simon Vostre, Suzanne dans son bain est coiffée à
peu près de même.
(2) La tête a été réduite par l'usure à
l'état de masse informe et luisante.
(3) Il y a également deus huchers dans les stalles de la cathédrale
de Rouen, miséricordes 13 et 26.
(4) Il ne reste presque plus rien du visage; la main droite a disparu. |
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85-86.
Sur une petite banderole qui se déroule sous le museau de l'accoudoir,
on lit le nom TRVPIN, et, par le fait, l'appuie-mains qui nous occupe
représente un tailleur d'images, le ciseau d'une main, le maillet
de l'autre, sculptant une statue d'enfant entièrement nu, couchée
sur un établi à quatre pieds. On y a tout naturellement
vu le portrait, sinon la caricature, d'un des artistes de nos stalles,
dont on connaît d'ailleurs le nom, Jean Trupin (1). Cette figure
en lame de couteau, ce petit air fin et moqueur, ce museau allongé,
qui n'est, fort heureusement, pas trop usé, sont pleins de
caractère. Son frêle minois est encadré d'une
abondante chevelure qui retombe en longues mèches sur ses épaules,
et par-dessus laquelle est posé un vaste et somptueux chapeau
plat, orné d'une couronne de plumes. Il porte une saie galonnée
à manches bouffantes serrées au poignet, et à
plastron attaché par des aiguillettes sur la poitrine. Si c'est
bien le portrait de Jean Trupin par lui-même, il ne s'est pas
flatté; il n'a même pas caché ses défauts,
si défaut il y a, et n'a pas oublié de placer sous son
établi l'écuelle et le pot ou cane à « manouelle
et couvrechel », c'est-à-dire à anse et à
couvercle, auxquels il devait fréquemment recourir durant son
travail.
86-L (2).
Ronde face imberbe, grosses lèvres, nez épaté,
cheveux crépus, si ce n'est pas un nègre, je ne sais
où nos entailleurs auraient pu trouver ce type ailleurs (3).
Il a une longue robe, très coquettement ouverte sur le devant,
et un chapeau aux bords entièrement retroussés, orné
d'une enseigne, tombant derrière le dos et retenu au cou par
une gourmette. Que montre-t-il du doigt sur la banderole qu'il déroule
sur ses genoux et qui le fait rire de si bon cœur?
K-87 (4).
Un animal à pattes grêles munies de griffes, qui ressemble
à un lion. Derrière lui est accroupi un petit singe
jouant de la trompe.
87-88. Un homme
âgé, à longue et forte barbe, l’air farouche,
coiffé d'un mouchoir attaché sur le haut du front par
un affiquet, ample et longue robe, manches bouffantes serrées
sorts les aisselles et aux poignets, bourse à la ceinture.
Il est à demi agenouillé et porte en bandoulière
un écu chargé d'une orle perlée et d'une grosse
tête grimaçante avec un anneau passé dans la bouche
(5).
88-89.
Les jambes, une main, le bas de la robe et la petite gibecière
pendue au coté d'un personnage dont tout le haut du corps a
disparu. Il était à genoux. A en juger par le peu d'étendue
de la brisure, il avait la taille extrêmement fine ; c'est ce
qui aura été cause de l'accident.
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Notes |
(1) Voy. ci-dessus, t. II, p. 150. -
Jean Trupin a encore écrit son nom sur le museau de l'accoudoir
91-92 : « Jan Trupin, Dieu te pourvoie »..
(2) Faux appuie-mains.
(3) Au XV° s., une maison de la rue des Fèvres à
Amiens portait pour enseigne La Tête Noire.
(4) Faux appuie-mains.
(5) Cf. stalles de la cathédrale d'Auch. |
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89-90.
La poitrine un peu proéminente de celui-ci, sa robe sans ceinture
ouverte en carré sur une espèce de fichu, l'ont fait
prendre pour une femme à MM. Jourdain et Duval, qui l'ont intitulé
: la brodeuse en bosse. Cependant sa coiffure composée
d'un vaste capuchon par-dessus lequel est posé une espèce
de toque ou de chapeau sans bords, paraît plutôt être
celle d'un homme, et nous aimerions mieux y voir un peintre.
Il a devant lui une table carrée, sur laquelle il appuie de
la main gauche un tableau en forme de diptyque, cintré par
le haut ; sur sa principale partie sont représentés
sept médaillons circulaires, dans chacun desquels est une petite
tête, et qu'il parait montrer de la main droite en souriant.
Sur la table sont posés deux paquets d'objets longs et minces,.
l'un lié par des cordons, l'autre défait. MM. Jourdain
et Duval les ont pris pour des paquets de bobines, mais nous croirions
plutôt que ce sont des pinceaux. On y voit aussi de petites
touches de forme ronde, sans saillie, qui pourraient bien figurer
des couleurs (1).
90-91.
Il est tout à fait effrayant, cet homme imberbe et d'une maigreur
extrême, dont la robe est relevée par une écharpe,
les manches retroussées, et qui porte un bissac peu rempli
sur les épaules. D'un étroit capuchon qui tient à
un vêtement de dessous et sur lequel est posé un chapeau
haut de forme, tronconique, sort son visage aux traits durs, le menton
en l'air, les yeux largement ouverts et enflammés, l'air menaçant.
Il retire vivement en arrière sa main droite armée d'une
serpe, comme sil s'apprêtait à frapper quelqu'un. Ce
doit être quelque brigand à l'affût d'un mauvais
coup.
91-92.
Une gracieuse petite personne, coquettement agenouillée, et
minaudant. Sa tête est couverte d'un court voile par-dessus
lequel est posé un chapeau très plat, aux bords droits,
qui ressemble assez à ce que nous appelons un « canotier »;
ce chapeau est attaché par une gourmette passée dans
ses bords et retenue par de gros nœuds (2).
92-93.
Un homme imberbe, tête nue aux cheveux bouclés, et à
demi agenouillé. Sa robe à col droit, sans ceinture,
bizarrement boutonnée sur l'épaule gauche, avec manches
à parements, est fendue sur les côtés. Sur son
dos pend un chapeau à longs poils, aux bords entièrement
retroussés et ornés d'une enseigne. Ses mains sont brisées
: elles devaient être jointes. II parait prier (3).
93-94.
La femme qui bat son mari. Une femme encapuchonnée dans une
coiffe formant la guimpe par en bas et munie par derrière d'un
long appendice replié sur le haut de la tête, piétine
d'un air comiquement vainqueur un fort petit homme à plat ventre,
horriblement laid : grande bouche, nez en trompette, cheveux crépus.
Il la regarde d'un air niais, tandis qu'elle cherche à l'atteindre
au visage avec le manche de sa quenouille qu'elle tient à deux
mains (4).
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Notes |
(1) Le visage est fruste.
(2) Les deux mains sont brisées.
(3) Le visage est fruste.
(4) Un sujet analogue est sculpté à un des piliers de
l'église de Saint-Riquier. - De tout temps, et surtout au moyen-âge,
les hommes qui se laissaient battre par les femmes, et surtout par
leurs femmes, ont été ridicules. Dans certains pays
on leur donnait le charivari. On peut aussi rapprocher la coutume
rapportée dans le Rational de Jean Beleth, docteur en théol.
chan. d'Amiens, d'après laquelle, dans certaines contrées,
les femmes auraient eu le droit de fouetter leurs maris une fois par
an, le mardi de Pâques. (Rationale divinor. officior., dans
Patr. lat., t. CCII, col. 123. Voy.DARSY. De quelques usages et traits
de mœurs en Picardie, dans Mém. de la Soc. des Ant. de
Pic., in-8°, t. XXVIll, P. 576. - Les hommes battus par leurs
femmes ont souvent défrayé la verve des poètes
satiriques du moyen âge. |
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94-95.
MM. Jourdain et Duval l'ont ainsi qualifié : « Le
vieux moine. Un peu de recherche dans son costume, qui admet la fourrure
aux parements de la robe et aux bouffettes du chapeau ».
Pour sûr, ce n'est pas un moine, précisément à
cause de la recherche de son habillement. Ce doit être un vieux
bourgeois riche. Visage rasé, fort maigre (1), il est agenouillé
et porte une houppelande à large col rabattu, attaché
sous le cou par un bouton, avec capuchon pointu que termine un gros
gland. Sa tête est couverte d'un bonnet formant pointes sur
les oreilles avec glands aux extrémités, tel que nous
en avons déjà vu à plusieurs personnages d'âge
et d'importance (2). Par-dessus ce bonnet est un chapeau qui ressemble
assez à un bonnet phrygien et qu'il prend de la main droite
comme pour saluer, d'un air affable.
95-J (3).
Un homme imberbe, à figure énergique, coiffé
d'un chapeau crénelé orné d'une enseigne, arrache
la langue à un monstre à deux pattes, longue queue et
ailes de chauve-souris. Joli petit groupe, fort bien conservé
(4).
J-96 (5).
Quelle onction et quelle dévotion dans la figure de ce charmant
enfant à la chevelure bouclée, pieusement agenouillé
et joignant les mains! Comme il est gracieusement drapé dans
les plis de sa longue robe !
96-97. Nous
voici revenus aux places des chantres et nous retrouvons les sculptures
plus défigurées que jamais. Quoi qu'il en soit nous
ne saurions méconnaître la « méraleresse
» ou sage-femme, dans cette femme accroupie, |
Notes |
(1) Ce que MM. Jourdain et Duval ont
pris Pour des moustaches à la chinoise ne sont que des rides
dénaturées Par le frottement.
(2) Notamment à certains patriarches
(3) Faux appuie-mains.
(4) Cf. la misér. 43 des stalles de la cath. de Rouen.
(5) Faux appuie-mains. |
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les manches de sa robe retroussées, pour être
moins gênée dans l'accomplissement de son office, coiffée
dune espèce de bandeau, et tenant dans ses bras un nouveau-né,
soigneusement emmaillotté de langes et de bandelettes (1).
97-98.
Un enfant presque nu (2), drapé seulement dans un manteau,
agenouillé et s'appuyant à un écu chargé
de trois écus 2 et 1 (3 ).
98-99.
Le « monnoyer » ou monnayeur. Garanti par un
tablier de peau, chapeau sur la tête, il frappe d'un maillet
et d'un coin une pièce de monnaie sur une base de pilier carré.
Quelques monnaies marquées d'une croix sont déjà
frappées à côté de lui. Son bras droit,
de l'aisselle au poignet, a été brisé; mais la
main qui tient le maillet est restée attachée au pan
de son habit (4).
99-100.
Est-ce une dame faisant des préparatifs de voyage ou occupée
à sa toilette, comme l'ont pensé MM. Jourdain et Duval
? J'y verrais plutôt une mesquine ou chambrière (5).
Fort simplement vêtue, elle s'apprête à ouvrir
une curieuse malle pour y serrer une robe doublée de fourrures
qu'elle tient sur son bras droit, ou bien elle vient de l'en retirer
pour en revêtir sa maîtresse (6).
100-101.
Le couturier, parmentier, chaussetier (cauchetier), pourpointier,
tout ce que l'on voudra, car toutes ces professions faisaient, à
Amiens du moins, autant de corps d'états distincts, entre lesquels
les limites étaient assez mal définies, et qui étaient,
de ce chef, en perpétuelles contestations. Il est imberbe,
à longs cheveux frisés en tire-bouchons, et vêtu
d'une espèce de houppelande à col rabattu ; la
gourmette de son chapeau est ramenée par-dessus celui-ci, et
deux rubans arrondis par le bas lui flottent sur le dos. Il est agenouillé
devant une table sur laquelle est étendue une pièce
d'étoffe qu'il coupe avec un instrument qui est brisé.
101-102.
Un personnage à demi agenouillé et à double visage
imberbe, une espèce de court voile sur la tète (7) Il
tient d'une main l'anse d'une seille pleine de liquide; l'autre main,
qui devait aussi tenir quelque chose, est brisée.
102-103.
Un sot ou un fou. Chaussé de poulaines, vêtu d'une longue
robe, la tête enveloppée dans un capuchon à oreilles
d'âne, un grelot au coude droit, assis les jambes croisées,
tenant sa jambe droite dans sa main gauche, et portant sa main droite
à son oreille gauche. L'usure a défiguré ses
traits, mais la ligne de sa bouche dessine encore un sourire grotesque
et railleur.
103-104.
A demi agenouillé, ce personnage est vêtu d'une saie
festonnée par le bas, à manches bouillonnées
et tailladées aux poignets ; de dessous cette saie s'échappe
une jupe flottant par derrière, et laissant les jambes complètement
dégagées. Il a la tête enveloppée d'une
espèce de béguin à peu près semblable
à la petite coiffe que les hommes portaient au XIII° siècle,
par-dessus lequel est posé un haut chapeau à côtes
de melon, et à bords retroussés. D'une main, il brandit
une longue épée, et de l'autre, il s'appuie sur un écu
chargé d'une tinte de lion et bordé de têtes de
clous. II est fâcheux que l'usure ait défiguré
son visage, qui devait être d'une singulière énergie.
|
Notes |
(1) Il ne reste plus rien du visage de
la femme.
(2) Le visage entièrement défiguré par l'usure.
(3) Dans la 44° miniature de l'album des tableaux du Puy offert
en 1513 à Louise de Savoie par la ville d'Amiens (Bibl. Nat.,
ms. fr. 145) on voit également un écu à trois
écus; de même dans une curieuse peinture sur verre de
1525 à Saint-Vulfran d'Abbeville. La communauté des
imagiers, peintres et sculpteurs de Paris avait pour armoiries d'azur
à trois écussons d'argent 2 et 1 et une fleur de lys
d'or en abîme. Celle des peintres, entailleurs, brodeurs,
verriers et enlumineurs d'Amiens, qui eut ses statuts en 1491, eut-elle
des armes analogues? Voy. ci-dessus, t. II. p. 251).
(4) La tête a été très abimée par
le frottement.
(5) Dans les vignettes des heures de Simon Vostre, suite de l'histoire
de Suzanne, lorsque celle-ci se déshabille pour se mettre au
bain, une de ses servantes tient un coffre semblable à celui
que nous voyons ici.
(6) La tête entièrement usée.
(7) Défiguré par l'usure. |
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104-105.
Malgré quelques détails de son costume et ses formes
un peu accentuées, ce n'est pas plus une femme que le personnage
que nous avons vu à l'appuie-mains 89-9o, et avec lequel il
présente plus d'une ressemblance; c'est parfaitement un homme.
Sa robe est fourrée; un manteau à col rabattu est jeté
sur ses épaules, et sur sa tête est une sorte de voile
sur lequel est posé un bonnet carré. Il tient par une
courroie un animal à tête de bouc, à qui il coupe
une cuisse au moyen d'une scie à main.
105-106.
Un personnage qui semble un enfant, enveloppé dans un long
manteau à collet, à demi agenouillé et levant
la main droite (1).
106-I
(2). Un homme imberbe, dont la coiffure, assez difficile à
distinguer, paraît nouée avec une espèce de ruban.
Il tire avec effort un grand sabre de sa gaine damasquinée
ou brodée. Nous ne lui trouvons pas l'air si pacifique que
MM. Jourdain et Duval ont bien voulu le dire.
I-107
(3). Un centaure, ou monstre à mi-corps humain, au visage imberbe
et fort laid. Il est couronné de feuillage et vêtu d'une
espèce de justaucorps attaché par un seul bouton; les
manches retroussées, il tient un sarment. Le reste du corps
est d'un quadrupède aux pieds fourchus et à longue queue
de vache (4).
107-108.
Est-ce une chienne, une louve ou une femelle de renard? Sa tête
est trop usée pour qu'on puisse le dire exactement. Elle est
assise, le museau en l'air, montrant à la fois une rangée
de dents aiguës et menaçantes et son ventre garni d'un
étagement de quatre mamelles bien remplies; elle porte sur
son dos un manteau à collet rabattu attaché sur le devant
par une cordelière, une courroie au milieu du ventre, et, sur
la tête, un petit chapeau aux bords rabattus.
108-109.
Sujet d'angle à deux personnages. Une nonne à confesse.
Dans le confesseur on ne peut méconnaître un Cordelier,
dont le costume est reproduit avec une fidélité scrupuleuse
: large tonsure dont on voit une partie sous son capuce; robe fort
ample et serrée par une corde à nœuds (5). Il est
à genoux, incliné, les mains croisées sur la
poitrine (6). A côté de lui est aussi agenouillée,
les mains jointes (7), une humble nonnain qui lui dévoile quelque
gros péché, car elle a l'air bien contrit et lui bien
scandalisé. Les manches de la religieuse sont relevées
à parements; un long voile lui couvre la tête et tombe
jusqu'à terre. Son nez est cassé; c'est dommage, car
elle devait être fort jolie.
109-110.
Le fabricant de galoches. Tout le haut du corps est brisé,
et il ne reste plus que les jambes et la main gauche; qui tient sur
un bloc une ébauche de semelle de galoche en bois. Sous ce
bloc, qui lui sert d'établi, sont encore deux semelles de galoches
déjà fabriquées (8).
110-H
(1). Un homme imberbe, très simplement vêtu, coiffé
d'un chapeau à larges bords retroussés, assis les mains
sur ses genoux et paraissant se reposer. |
Notes |
(1) Extrêmement fruste.
(2) Faux appuie-mains.
(3) Faux appuie-mains.
(4) Voy. ci-dessus, appuie-mains 41-42.
(5) Ses pieds sont cachés; on ne peut voir s'ils sont nus ou
chaussés.
(6) Le visage est fruste.
(7) Toutes deux sont brisées.
(8) Dans les villes boueuses du moyen âge ce genre de chaussures
devait être indispensable à tout le monde. Plusieurs
miséricordes des stalles de la cathédrale de Rouen
sont consacrées à cette industrie (12, 13, 33). Dans
une d'elles, un monsieur très bien mis s'en achète
une paire. Nous en avons vu plusieurs exemples dans la clôture
du chœur, notamment aux pieds d'Adrien de Hénencourt.
(Voy. ci-dessus, t, II, p. 99).
(1) Faux appuie-mains. |
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